Cette conférence, intitulée "Énergie et géopolitique", a eu lieu le 1er décembre à la Cité des Sciences et de l'Industrie, dans le cadre du cycle de conférences "Énergie : l'heure des choix". La version audio de cette conférence (suffisante car le conférencier n'a pas utilisé de "sildes") est disponible en rétrolien.
Claude Mandil est l'ancien directeur exécutif de l’Agence international de l’Energie et travaille désormais en tant qu'expert indépendant. Je ne pourrais m'empêcher de jouer les mauvaises langues plus longtemps, aussi je vous fait part du fait que je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer la coïcidente troublante des dates : Claude Mandil a cessé ses fonctions en 2007, année du changement de discours de l'AIE...Ce n'est sans doute qu'une coïnidence toutefois, car comme expliqué dans le premier billet, il n'y a pas vraiment eu de changement dans le fond.
Il est très facile de résumer cette conférence, c'est un commentaire de la World Energy Outlook de cette année ! Donc pour ceux qui n'ont pas eu le courage de lire ces 20 malheureuses pages, foncez sur le podcast ! En plus, le conférencier commence par un rappel très pratique des fondamentaux qu'ils faut maîtriser avant de parler d'énergie.
Entendre l'ancien directeur executif de l'AIE, quoi de plus enrichissant ? J'ai beaucoup appris au cours de cette conférence, en particulier sur cette vision si particulière des "politiques" (au sens large du terme, j'inclue notamment les ONG et ceux qui représente les intérêts des industriels). J'ai notamment appris pourquoi le fait d'être "contre la théorie du Peak Oil" pouvait ne pas être totalement absurde. En quelques mots, comme vous le verrez dans la conférence, Claude Mandil défend l'idée d'un Peak Oil qui n'aura pas lieu pour des raisons géologiques, mais parce que nous nous serons détournés volontairement du pétrole grâce à la sobriété énergétique et aux autres alternatives énergétiques. Ceci est dans la droite lignée du chapitre "faut-il redouter ou espérer le Peak Oil" du rapport de l'AIE de cette année. Deux objections à cela : la volonté politique de lutter comme il faut contre ce problème d'indépendance énergétique et l'investissement (financier) adéquat pour y aboutir, cette objection mise en perspective de la crise, et enfin cette objection mise en perspective du fonctionnement du système économique et politique actuel (par exemple, comme imposer une mise au régime forcée dans les démocraties qui constituent l'essentiel des consommateurs de l'or noir ?).
C'est pour cela qu'en écoutant ce genre de discours, il faut garder en tête que l'AIE est une agence "qui représente les intérêts des différents consommateurs", elle n'est donc pas du côté des producteurs, où le son de cloche est différent. L'AIE a par ce fait une vision diamétralement opposée à celle des compagnies comme Total, Texxaco, BP&Co : selon l'agence, les pays producteurs, au travers de leurs compagnies nationnales, sous-estiment les ressources ultimes, dans le but de "les préserver pour les générations futurs" (bon là je schématise un peu).
Pour rappel, pas mal d'experts dans le domaine (dont des très très indépendants), pensent qu'au contraire ces derniers trichent en surévaluant les réserves pour des raisons de cotation (un peu comme les entreprises côté en bourses qui miroitent directement ou indirectement une croissance importante pour les années à venir).
Un autre gros plus de la conférence par rapport au papier, Claude Mandil y traite la question de la dépendance énergétique vue depuis les chocs pétroliers. Un point de vue intéressant, mais c'est l'un des seuls points de vue aussi complets que j'ai vu sur la question, aussi j'attends confrontation avant de me faire une idée la-dessus.
Pour finir, une appréciation générale. Ce discours était de la parfaite trempe de "il y a un gros problème, mais avec de nombreux efforts (mais efforts du type "correction à la marge"), et avec les inévitables progrès technologiques, on s'en sortira (sans avoir à remettre en question notre mode de vie, notre système politique et économique)". Or de ce que je sais, les efforts à fournir seraient plus du type "économie de guerre", que "corrections à la marge + progrès technologique". Qu'en penser ?
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