vendredi 26 novembre 2010

Compétition sur les ressources

"Le diesel, c'est moins cher, ça émet moins de CO2, bref, c'est l'avenir !"
Laissez-moi quelques lignes pour démonter ce raisonnement naïf.

Tout d'abord, les deux hypothèse de cette proposition hypothético-déductive sont fausse. Je dis bien les deux.

Le gazole coûte plus cher à produire que l'essence, et de par sa nature, cette différence de prix se ressent même sur le simple transport ! Bref, quand l'État subventionne un dieséliste, il est obligé, en plus de compenser le surcoût de production, d'ajouter deux cents par litre pour le surcoût en transport ("amazing !"). Pour ceux qui serait complètement à l'ouest, je rappelle que le gazole (d=0,82-0,85) est plus dense que l'essence (0,72), d'où ce surcoût (un semi chargé de sans plomb est plus léger qu'un semi chargé de gazole, donc il consomme plus, donc ça coûte plus cher).

(Dans l'idée de ne pas sortir des données de sous le chapeau, je m'efforcerai à l'avenir, sinon de donner mes sources, de renvoyer le lecteur vers des confirmations de mes propos, une des premières tentatives dans ce sens et de vos proposer un document expliquant pourquoi le gazole coûte presque deux fois plus cher à produire que l'essence : http://sfp.in2p3.fr/Debat/debat_energie/websfp/PrixetCouts.htm)

Moins de CO2 ? Et puis quoi encore ? Oui, oui, permettez-moi de m'énerver. Dire que le gazole émet moins de CO2, c'est aussi dire que nos ordinateurs (ou téléviseurs, c'est pareil) sont plus propres car ils consomment moins d'énergie (sur ce critère je dis bien, précision en direction des sophistes), que l'hybride est propre car ne rejeté que de l'eau, qu'il faut imposer à la Chine le véhicule électrique pour leur permettre de "rejoindre notre niveau de vie" sans trop émettre de CO2....Vous voyez où je veux en venir ? C'est un problème de frontières du système. Il faut raisonner "du puit à la roue", comme le disait Beretta (mais le faisait-il vraiment ? J'ai pas encore fini d'éplucher ses slides...)

Le diesel, l'avenir ? Comme je le sous-entendais quand je me parlais de Jo Beretta (Vous connaissez Jean-Marc Jancovici ? Bah Berettan c'est un peu mon Devedjan à moi =) Grosso-modo, vous comprendez en lisant cet article http://www.manicore.com/documentation/petrole/usage_petrole.html (déjà cité sur blog, par ailleurs =) que l'exception française sur la question va nous faire du tort. Nous sommes complètement à contrecourant du marché, et si cela ne pose pas de problème pour l'instant (y compris à l'État qui s'autoflagelle en bradant le gazole qu'il paie pourtant plus cher), c'est que pour le moment (en caricatturant), le pétrole coule à flot, le soucis des businessman consiste à se répartir les dividendes. Or dans un monde où la ressource énergétitque se fait rare (monde que nous n'avons jamais connu du reste, même s'il est proche), le problème ne se pose évidemment plus de la même façon, je résumerais la question pour finir en un problème de choix, de compétitions entre les ressources.

L'essence sert à faire rouler les auto ? Très bien. On diminue le parc auto (ou sa consommation, dans la version bisounours du monde).
Le kérosène à faire voler les avions ? idem
Le Gaz sert à faire la cuisine, produire de l'électricité, rouler certains véhicules....Ouh là ! Va falloir faire des choix ! Heureusement pour nous, le pic de gaz aura lieu (un peu) plus tard.
Les fiouls servent à produire de l'électricité, faire naviguer les bateaux (dont les supertankers qui transportent tout le reste du pétrole), à se chauffer (très important !), mais aussi à faire rouler 7 pequenôts de Français sur 10 ? Ouh là ! Va falloir faire des choix !
Rappelons simplement que l'interlocuteur était mondial, et que la France, c'est un pays parmi s 200....

Peugeot & Co, les Titanic du milieu industriel

Certains me le reprochent, j'ai tendance à critiquer ouvertement le business plan de PSA, que j'ai eu l'occasion de découvrir en long et large lors d'une intervention d'un certain M. Beretta. Pourquoi ? C'est loin d'être une mauvaise foi du fait que ces derniers font la part belle au diesel. Ça fait drôle à dire, je suis simplement réaliste. Car je ne fais que reprendre ou adapter le discours d'éminents spécialistes sur la question des ressources énergétiques, de ceux qui mettent l'économie en confrontation avec la réalité du monde. Ils sont indépendants, ou travaillent à l'AFP, pour Total, au gouvernement... Mais point essentiel, ils ne se placent pas du côté des consommateurs (PSA, est, sous cette analyse, du côté des consommateurs, "au même titre qu'Air France par exemple"). Or ces consommateurs, comme le répète Jancovici, ont des envies, et c'est tout. Ils vont jusqu'à dicter à l'AIE ses prévisions de consommation de pétrole par exemple, qui délivre ensuite des recommandations aux dicidents. Ainsi, pour parodier en une phrase ses rapports, "le monde consommera 120 millions de barils par jour en 2030". Bizarre, on n'a pas le même son de cloche du côté des producteurs de pétrole, qui parle d'un pic entre 2015 et 2020 à 95 millions de barils par jour, qui faut-ils croire ?

Pour finir, un petit mot sur l'arlésienne de l'hybride diesel ? Cela fait quelques années qu'on parle d'une sortie "dans deux ans" (dans la présentation de M. Beretta, qui a eu lieu cette année, on parlait d'une sortie en 2012). À force d'être repoussée (si jamais cette technologie était possible, ce dont je doute très fortement), elle sortira dans un contexte défavorable...voir mon prochain article sur la question.

En guise de source, dans le rétrolien, je vous propose de trouver les powerpoint des dernières présentation de Jo, dans le cadre des congrés SIA. C'est très "instructif"....