samedi 25 décembre 2010

Norme Euro VI : le début de la fin ?

J'ai peut-être évoqué déjà cette nouvelle version de la norme Euro, qui a fortement contribué à dépolluer les véhicules dans nos contrées, il faut se rendre compte que jusque là, elle s'est montrée plutôt clémente avec les moteurs Diesel, veillant à ce que des solutions technologiques existent pour rendre compatibles ces derniers avec ses exigences, ou en surfant sur la vague du CO2.


Mais victoire récente de la B.A.D dont je fais partie et d'autres mouvements anti-diesel européens, l'affaire des oxydes d'azote n'est (pour une fois...) pas tombé dans l'oreille de sourds : il se trouve que la sixième révision de la norme Euro les concernent.


Comme d'hab, ça ne change rien pour les véhicules essence, qui s'en contre fichent complèment (la techno qui leur est nécessaire pour répondre à cette norme existe depuis 20 ans déjà !), en revanche, pas grand chose à l'horizon en terme de solutions pour les moteurs diesel. Si les FAP préexistaient à Euro V, il n'y a pour le moment rien de concret pour l'Euro VI, qui rentre en vigueur dans 3 ans.


Après ce résumé rédigé en cinq minutes sur un coin de table, voici un bout de l'article qu'il introduit :

"Gaz à effet de serre et pollution locale
Longtemps, le Diesel a bénéficié de réglementations particulièrement favorables. Impliqué dans le réchauffement climatique, le CO2 s'est en effet rapidement vu bombardé en ligne de mire des normes Euro et de notre fameuse écotaxe hexagonale. Naturellement plus sobre que l'essence, le Diesel a rapidement su profiter de cette focalisation sur les rejets de CO2, directement liés à la consommation. Pourtant, le CO2, non toxique, ne compte donc pas parmi les polluants, contrairement au monoxyde de carbone (CO) aux hydrocarbures imbrûlés (HC), aux oxydes d'azote (NOx) ou encore aux particules fines qui constituent la pollution ''locale''. 

Pour estomper cette anomalie, le législateur, décidément versatile, s'apprête donc à changer son fusil d'épaule. Nos édiles ont donc pris la décision de resserrer les seuils d'émissions réservés à ces polluants nocifs et pathogènes, déjà réglementés depuis un quart de siècle. Particulièrement dans le collimateur des autorités, les émanations d'oxydes d'azote, talon d'Achille du Diesel, risquent de chambouler à nouveau le paysage automobile français... cette fois en faveur de l'essence. Alors que la récente Euro 5, entrée en application l'an dernier, se concentrait sur les particules émises par le Diesel, l'imminente Euro 6 se concentrera en effet sur les NOx, imposant des seuils d'émission drastiques à l'horizon 2014. Jetons un rapide coup de projecteur sur les griefs à l'encontre de ces fameux NOx...

Les oxydes d'azote en ligne de mire...
Gaz irritants à l'origine de divers troubles respiratoires, les oxydes d'azote ou ''NOx'' augmentent également la sensibilité des plus fragiles aux attaques microbiennes. Comptant parmi les émanations les plus nocives, ils se combinent également aux COV (composés organiques volatiles) par fort ensoleillement pour engendrer des pollutions "indirectes" à l'ozone. Logiquement, ils s'attirent donc tout particulièrement les foudres réglementaires.

Issu des combustions à haute température et à pression élevée, cette combinaison de monoxyde d'azote (NO) et de dioxyde d'azote (NO2) constitue l'un des principaux handicaps du moteur Diesel. En effet, si son taux de compression (rapport volumétrique) élevé et son fonctionnement en excès d'air apparaissent tous deux favorables à la sobriété, le bloc à auto-allumage rejette en contrepartie moult particules et surtout trois fois plus de d'oxydes d'azote que le bon vieux moteur à bougies. 

Un vilain défaut, particulièrement rédhibitoire à l'heure où l'Union Européenne peaufine sa très exigeante norme Euro 6 destinée à entrer en application dès 2014.
Des solutions sur étagère ?
Face à ce revers de fortune, le bloc à allumage spontané se voit à nouveau contraint de se remettre en cause. Ironie du sort, son principe de fonctionnement, à la base de son succès, constitue cette fois-ci son handicap majeur. Exempt de perte par pompage et avantagé par son taux de compression et son fonctionnement en mélange pauvre, l'efficace Diesel s'avère, revers de la médaille, plus coûteux à dépolluer que son homologue essence. Ce dernier parvient à passer l'actuelle norme Euro 5 (particules) et l'imminente Euro 6 (oxydes d'azote) avec un simple catalyseur 3 voies."


Quelque soit l'issue du diesel face à cette nouvelle version de la norme Euro VI, n'oubliez pas qu'il y a d'autres problèmes : nano particules, dont les hydrocarbures aromatiques polycycliques (qui sont notamment cancérigènes), composés soufrés, polémique sur les FAP actuel et les microparticules....)

samedi 11 décembre 2010

AIE 2010 3/3 : Ce qu'on ne nous dit pas sur la gestion de l'approvisionnement énergétique

Ce troisième article est un commentaire de la publication de SuperNo du 13 septembre 2010 sur le site Carfree, disponible en rétrolien.

Car plus que jamais, avec ce nouveau rapport de l'AIE, et la tournure du débat politique actuel, la contrainte carbone semble se limiter à une contrainte aval, dont l'ampleur est sous-estimée. On ne parle plus de politique de dépendance énergétique, et quand on parle d'énergie, on parle d'énergie décarbonée, "pour émettre moins de CO2". Tout cela en gardant à l'esprit qu'il y a des sujets bien plus urgents à traiter...Sujets parmis lesquels on ne trouve pas la question du diesel en France (Ah bon ???).

Vous ne le croirais pas sans le vérifier par vous même, mais il se trouve que même sur ce point, il se peut que nous soyons menés en bâteau. Il semblerait que différents gouvernements européens se préoccupent de très de la question "en cachette". Or Superno, par le biais de l'un de ses lecteurs (car SuperNo tient un blog, https://www.superno.com/blog/), a mis le doigt sur une fuite très intéressante. Afin de vous inciter à prendre un quart d'heure pour le lire, je vous en cite un passage :

“Une étude de l’armée allemande met en garde contre une dramatique crise pétrolière

Les marchés qui se cassent la figure, les démocraties qui vacillent, l’Allemagne qui perd de sa puissance globale : une étude d’un Think Tank de l’armée allemande analyse comment la baisse de la production pétrolière influerait sur l’économie mondiale. Ce document à usage interne révèle pour la première fois comment une crise énergétique imminente préoccupe les militaires."

Vous avez deviné que la fuite provient de nos voisins d'outre-Rhin. Je me risque à ce raccourci, mais l'étude décrit une évolution qui se rappelle très fortement le graphique d'illustration de la dernière publication d'Hervé Kempf sur la question que vous pouvez retrouver ici ). L'étude décrit même les évolutions politiques qui devront découler de notre dépendance énergétique, et c'est très intéressant à voir comme logique =)

Pour résumer, l'article "Le Peak Oil est de retour" montre le contraste entre le traitement de la question en France et les préoccuations sur la question qui existe (peut-être en France également, mais pas de fuite donc difficile de savoir). Si tel était le cas, ce serait encore un exemple flagrant de manipulation à la Edouard Bernay !

Enfin, pour ce qui est de la question géologique, je m'accorde finalement ce droit de réponse en invitant le lectorat à lire ceci. Comme il n'y a pas que le conventionnel dans la vie, il faut aussi que "je" vous parle aussi du non-conventionnel. Il y a quelques années, les économistes bien informais tout comme les donneurs d'alerte présentaient le charbon comme le remplaçant du pétrole. Aujourd'hui, l'AIE pense plutôt aux ressources  non conventionnelles. Et il se trouve que cet article explique très bien pourquoi le Canada et le Venezuela ne sont pas d'accord avec l'AIE.

mercredi 8 décembre 2010

AIE 2010 2/3 : Mon avis sur la Conférence de Claude Mandil à la Cité des Sciences et de l'Industrie

Cette conférence, intitulée "Énergie et géopolitique", a eu lieu le 1er décembre à la Cité des Sciences et de l'Industrie, dans le cadre du cycle de conférences "Énergie : l'heure des choix". La version audio de cette conférence (suffisante car le conférencier n'a pas utilisé de "sildes") est disponible en rétrolien.


Claude Mandil est l'ancien directeur exécutif de l’Agence international de l’Energie et travaille désormais en tant qu'expert indépendant. Je ne pourrais m'empêcher de jouer les mauvaises langues plus longtemps, aussi je vous fait part du fait que je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer la coïcidente troublante des dates : Claude Mandil a cessé ses fonctions en 2007, année du changement de discours de l'AIE...Ce n'est sans doute qu'une coïnidence toutefois, car comme expliqué dans le premier billet, il n'y a pas vraiment eu de changement dans le fond.


Il est très facile de résumer cette conférence, c'est un commentaire de la World Energy Outlook de cette année ! Donc pour ceux qui n'ont pas eu le courage de lire ces 20 malheureuses pages, foncez sur le podcast ! En plus, le conférencier commence par un rappel très pratique des fondamentaux qu'ils faut maîtriser avant de parler d'énergie. 


Entendre l'ancien directeur executif de l'AIE, quoi de plus enrichissant ? J'ai beaucoup appris au cours de cette conférence, en particulier sur cette vision si particulière des "politiques" (au sens large du terme, j'inclue notamment les ONG et ceux qui représente les intérêts des industriels). J'ai notamment appris pourquoi le fait d'être "contre la théorie du Peak Oil" pouvait ne pas être totalement absurde. En quelques mots, comme vous le verrez dans la conférence, Claude Mandil défend l'idée d'un Peak Oil qui n'aura pas lieu pour des raisons géologiques, mais parce que nous nous serons détournés volontairement du pétrole grâce à la sobriété énergétique et aux autres alternatives énergétiques. Ceci est dans la droite lignée du chapitre "faut-il redouter ou espérer le Peak Oil" du rapport de l'AIE de cette année. Deux objections à cela : la volonté politique de lutter comme il faut contre ce problème d'indépendance énergétique et l'investissement (financier) adéquat pour y aboutir, cette objection mise en perspective de la crise, et enfin cette objection mise en perspective du fonctionnement du système économique et politique actuel (par exemple, comme imposer une mise au régime forcée dans les démocraties qui constituent l'essentiel des consommateurs de l'or noir ?).


C'est pour cela qu'en écoutant ce genre de discours, il faut garder en tête que l'AIE est une agence "qui représente les intérêts des différents consommateurs", elle n'est donc pas du côté des producteurs, où le son de cloche est différent. L'AIE a par ce fait une vision diamétralement opposée à celle des compagnies comme Total, Texxaco, BP&Co : selon l'agence, les pays producteurs, au travers de leurs compagnies nationnales, sous-estiment les ressources ultimes, dans le but de "les préserver pour les générations futurs" (bon là je schématise un peu).
Pour rappel, pas mal d'experts dans le domaine (dont des très très indépendants), pensent qu'au contraire ces derniers trichent en surévaluant les réserves pour des raisons de cotation (un peu comme les entreprises côté en bourses qui miroitent directement ou indirectement une croissance importante pour les années à venir). 


Un autre gros plus de la conférence par rapport au papier, Claude Mandil y traite la question de la dépendance énergétique vue depuis les chocs pétroliers. Un point de vue intéressant, mais c'est l'un des seuls points de vue aussi complets que j'ai vu sur la question, aussi j'attends confrontation avant de me faire une idée la-dessus.


Pour finir, une appréciation générale. Ce discours était de la parfaite trempe de "il y a un gros problème, mais avec de nombreux efforts (mais efforts du type "correction à la marge"), et avec les inévitables progrès technologiques, on s'en sortira (sans avoir à remettre en question notre mode de vie, notre système politique et économique)". Or de ce que je sais, les efforts à fournir seraient plus du type "économie de guerre", que "corrections à la marge + progrès technologique". Qu'en penser ?

dimanche 5 décembre 2010

AIE 2010 1/3 : Mon avis sur le rapport 2010 de l'AIE

C'est (enfin c'était) le mois de novembre ! mois de sortie de la nouvelle édition de la World Energy Outlook !  


Je voulais faire un article costaud sur la question, mais je manque terriblement de temps, notamment pour la confrontation de données sur un sujet aussi sensible.


Pour ceux qui ne suivent pas, la question de l'approvisionnement énergétique concerne ce blog de très près du fait de l'hypothèse formulée ici :


http://bloganti-diesel.blogspot.com/2010/09/le-calme-avant-la-tempete-le-diesel.html#links


À ce titre, je vais publier trois billets sur la question, pour la traiter de la manière la plus objective et la plus complète qui soit, pour le contexte qui nous intéresse (les méfaits du diesel, notamment le surplus de dépendance énergétique et les risques entrainé par ce surplus "non remplaçable")


L'AIE (Agence Internationale de l'Energie) était une des entités concernées par la question qui ignorait dans ses travaux la possibilité d'un pic de pétrole (appelons-le désormais Peak Oil, comme tout le monde), les autres partisans de cette position étant pour les plus influents d'entre eux les "agences" américaines, comme la CIA, ainsi que les compagnies pétrolières américaines.


 Il se trouve que, malgré son changement de position survenu en 2007, le ton du discours, lui n'a pas changé. Au point que le discours en devienne presque contradictoire. 


Le rapport est très court (21 pages, dont pages de gardes et décos) et bien construit, c'est pour ça que les politiques peuvent le lire. Comme dans le rapport du GIEC, on parle de scénario (ici de politiques énergétiques, pas d'émissions), et comme dans "Copenhague", on évoque les échéances de 2020 et 2035. Je vous invite à le lire également, bien que je ne suis pas d'accord avec la manière dont y sont présentées les choses, car on sent bien l'inspiration des politiques énergétiques de nos élus.


Je ne ferais pas un résumé détaillé de ce rapport, disponible en rétrolien, mais soulignerais la position de l'AIE sur le Peak Oil : l'agence admet un pic de production de pétrole conventionnel, qui serait compensé par la production de pétrole non conventionnel (!!!) Oui je sais que ce dernier est plus abondant, mais d'un point de vue technico-historique, le problème est le même que pour la question des énergies renouvelables 


(cf fin de cet article http://www.manicore.com/documentation/part_eolien.html)


Je pourrais citer des articles sur les contraintes d'exploitation de tout ce qui est non conventionnel (voire détailler cette classification, quand on pense qu'il y a 40 ans, l'offshore profond était considéré comme du non conventionnel...), mais je préfère laisser la question technique de côté pour le moment (hors sujet).


Pour le reste, l'AIE reste donc fidèle à son discourt. On aura toujours 120Millions de barils par jour en 2030 mais la moitié sera du pétrole non conventionnel. Je caricature certes, mais c'est clairement ce que l'on peut lire entre les lignes du rapport. 


Dans le prochain article, mon avis sur la conférence de Claude Mandil à la Cité des Sciences et de l'Industrie !