lundi 12 août 2013

Témoignage pour un dossier sur le diesel

Le mois dernier, un site partenaire recherchait des témoignages critiques (au sens premier du terme, c'est à dire «tant en bien qu'en mal» sur le diesel.

Les trois questions étaient : 
- Le diesel a t'il pris trop d’ampleur ?
- Roulez-vous en diesel ?
- Pensez-vous que le diesel demeure toujours avantageux ?
- Y a t'il un discours pro-diesel en France ?

S'il se destinait plutôt à des automobilistes (et même assez expérimenté), j'ai pris le parti de répondre, en tant qu'expert sur les question touchant au diesel. Voici le texte que je leur ai soumis.

«Représentant plus de 60% du parc installé et plus de 70% des ventes neuves, l'ampleur du diesel est aussi dommageable qu'inquiétante. D'un point de vue sanitaire, il cause des dizaines de milliers de morts par an (42 000 selon l'OMS). Et que dire des malades chroniques souvent invalides, des nouveaux asthmatiques et des allergiques, qui sont bien plus nombreux ? Le poids des 22 millions de véhicules légers diesel Français se fait sentir, et pas qu'au travers des études épidémiologiques (l'appel des médecins est un exemple parmi d'autres).

En dehors de l'impact sanitaire, il est temps de prendre de la hauteur de vue sur le volet économique. Le diesel bénéficie à l'industrie française, bien placée sur ce marché de niche, lui même centrée sur la France (coïncidence ?). Mais c'est aussi lié à une fiscalité qui a un coût collectif (7 milliards d'euros en 2011), et qui pèse lourd sur la balance commerciale (la moitié du gazole consommé en France est importée, pour un coût qui enfle littéralement (12 milliards en 2010, contre 8 en 2008, moins de 4 dans les années 90...). Nous  dépendons à la fois de pétrole brut et de pétrole raffiné....et surtout du pétrole Russe, seule puissance pétrolière à même de concéder chaque année 20 millions de tonnes de gazole raffiné....pour le moment.

Pour résumer, oui il a pris trop d'ampleur car il est devenu systémique : on ne peut pas envisager de réduire drastiquement son usage à court, voire à moyen terme, malgré les risque sanitaires, et les problèmes d'autres natures qu'il provoque*. Les instances 

-Je n'ai jamais roulé au diesel (sauf en bus, dans ma jeunesse naive), en tant qu'hygièniste, j'ai su habilement éviter d'avoir recours ne serait qu'occasionnellement au véhicule diesel en tant que passager. J'ai aussi pris des distances par rapport à l'automobile (Autolib' m'a aider non pas à me débrouiller sans véhicule personnel mais surtout à me rendre indépendant de l'automobile, je n'y fais appel qu'en dernier recours). Mes raisons dépassent le cadre essence-diesel, donc je ne les développerais pas ici (mais j'en parle un peu sur mon blog). 

N'étant plus vraiment automobiliste, je me fie pleinement aux discours que l'on me rapporte, et dans mon environnement hétéroclyte, j'ai quelques exemple de mauvaise foi évidente, mais beaucoup de reports d'espoirs déchus : l'affaire avantageuse, l'offre exeptionnel du concessionnaire (l'est-elle vraiment, tant elle semble banale ?) ou la belle affaire du bon coin, le sourire aux lèvre au moment de faire le plein...puis le retour à la réalité. La fiabilité pour certain, le coût des pièces pour d'autres, et surtout, pour ceux qui osent en parler, la décôte, qui fait mal, car systématiquement sous-estimée. Je repense au collègue qui à ma question m'a répondu qu'il comptait finir sa Zafira neuve toutes option...«Mon œil !» (il m'aura fallu du temps et compiler pas mal de témoignages pour le comprendre).

Quelques chiffres : mes calculs montrent que typiquement (véhicule entre 20 000 et 40 000€ acheté neuf, utilisation au delà de la moyenne nationnale, revente avant les 5 ans), avec un véhicule diesel on gagne plusieurs dizaines d'euros par mois sur le budget carburant...tout en perdant dans le même temps plusieurs centaines d'euros par mois pour la décôte. Pour ce qui est communément admis, un véhicule diesel ne se rentabilise qu'au-delà de 20 000 km/an par rapport à un véhicule essence (tendance à la hausse vu  le recul de la part des taxes sur le prix des carburants), mais les français roulement en moyenne 13 000 km par an (avec une tendance à la baisse). 

Pour les professionnels, qui accaparent l'essentiel du kilométrage du parc routier, la question est tout autre. Avec toutes les mesures fiscale qui leurs sont dédiées, le recours au diesel n'est pas seulement plus avantageux, il est quasiment obligatoire. Il est amusant de noter que les timides mesurettes ne sont pas d'abord attaquer à ces avantages plutôt qu'au grand public.

-Le discours pro-diesel existe, mais est remis en question. Il est établi dans le système de bonus malus et les avantages concédés aux sociétés, et mis en exergue quand il s'agit de prendre des mesures à visée sanitaires ou même économique (la récupération de tout ou partie des 7 milliards d'euro annuels de manque à gagner en TIPP). Mitigé voire flou dans l'actualité, mais bien établi dans les faits et reglementations.

*À noter que la surdépendance énergétique n'est jamais vu comme un risque systémique aupres de mes sources, bien que maintes fois soulignée par ces dernières. Je contribue à les faire dialoguer : une surdépendance si spécifique dans un contexte de déplétion pétrolière prochaine probable, cela n'augure rien de bon !»

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