jeudi 14 juillet 2011

Le nucléaire, pire que le diesel ?

Je tiens à m’excuser d’avance pour cette intro très journalistique. Aussi les lecteurs les plus sérieux et les plus pressés peuvent passer directement au troisième paragraphe.

Méconnus jusque très récemment, et donc sous-estimés voire négligés par opinion publique, les tsunamis ont décidé de faire parler d’eux et de revenir en force sur la scène médiatique. L’objectif est simple, devenir le phénomène météorologique le plus marquant sur Terre, et entrer dans les meurs comme l’ont fait certains de ces confrères. Ne parlait-on pas dès lors de tempête médiatique ? Il faudra parler à terme de déferlante dans les médiatique, de vague médiatique ou carrément de raz-de-marée ou de tsunami médiatique.

Après l’essoufflement de la campagne médiatique dans l’océan Indien, les tsunamis ont décidé de frapper fort, durablement, efficacement. Ne plus s’en prendre aux pauvres, dont la misère émeut de moins en moins dans un monde qui se libéralise à outrance, mais directement aux riches. Pour la durabilité, l’attaque devait porter sur une centrale nucléaire, Tchernobyl est une très bonne indication en termes d’efficacité et de durabilité sur ce type de cible (on fait tout un plat sur un « simple accident ».) Ce plan échafaudé, il n’y avait plus qu’à passer à l’attaque. Ce fut chose faite au Japon, en mars 2011, du fait des conditions favorables (île au bord d’une plaque tectonique, avec des centrales nucléaires sur le bon littoral, etc etc…


Remise en place concernant le nucléaire

L’attaque des tsunamis a été « un succès », puisque désormais on parle beaucoup voire trop du nucléaire, et pas plutôt dans le sens de « se débarrasser de ce problème » que de poser le problème de manière réfléchie. Une fois de plus, les média ont su joué de l’émotion et de la méconnaissance du nucléaire qu’ils partagent avec le public, pour « faire leur métier » (articles, reportages, émissions, etc…). En faisant leur métiers, ils nous détournent du problème principal, qu’avait visiblement très à cœur la France, mais qui est directement liée : réduire nos émissions de CO2. En France, on fait preuve d’excès de zèle sur la question. Pour conclure sur la partie purement nucléaire, je vous invite à lire ce questionnement
sur le nucléaire, en tant qu’activité industrielle (et donc à risque), et en tant que moyen de production d’énergie. Cette dissertation très intéressante est également disponible en rétrolien.

Après avoir lu cette réflexion très bien construit, vous devriez en principe ne plus avoir envie de lire la suite de cet article, car vous trouverez les autres publications de Manicore autrement plus intéressantes ! Passons. En partant du principe qu’il n’y en a parmi vous qui se sont découragés en voyant la longueur de l’autre article, qui ne savent pas ce qu’est un rétrolien, où qui s’impose une lecture méthodique (« je ne dois pas sauter d’un article à l’autre, mais les lire entièrement les uns après les autres »), pour résumer, en partant du principe qu’il me reste un lectorat, voici la suite.

Petit poème (pour vous inciter à revenir sur mon site après la lecture de cet article...)

Comme je le disais précédemment, la France n’a pas de conscience écologique. En fait, elle a juste une vocation de sauver le monde, malgré sa position bien méritée dans l’OCDE. Et tout le monde sait que le vrai danger, c’est le réchauffement climatique. La France se pare donc de soixante réacteurs nucléaires  pour non seulement produire de l’électricité avec le moins de CO2 possible, mais aussi et surtout pour en vendre à nos voisins européens pour qu’ils n’utilisent pas leur centrales à charbons, ni leurs éoliennes car en France on sait bien que qui dit 1kWh d’éolienne en dit 3 à 4 de centrales thermiques.

Mais la France, a fait encore un plus gros sacrifice. Elle a décidé de sacrifier en silence sa population pour la cause du climat. Trop bonne et généreuse, elle ne veut pas punir sa population. Elle a encore de profonds regrets sur l’époque où elle a imposé une limitation de vitesse sur ses autoroutes, et qu’il a même, au plus fort du choc pétrolier, interdit à ses protéger de rouler certains jour de la semaine. Désormais, la France envoie à l’abattoir ses propres concitoyens, en envoyant de la musique classique au passage de la hache décapitant ou du « bain » électrique, pour que cela soit sans douleur sur ses pauvres petits concitoyens.
La musique classique, c’est ce qu’on appelle l’écologie [mais qui n’en est pas forcément, NDA], qui est en fait une immense manipulation consistant à amalgamer pollution et CO2, même mieux, à réduire la pollution au CO2. Comme la France sait que ses concitoyens veulent toujours des véhicules de plus en plus confortables et de moins en moins chers, et sait aussi que c’est totalement impossible, elle a rajouté un air de pipeau sur sa musique classique. Cet air de pipeau, ce sont les quinze centimes magiques. Oui, c’est fameux quinze centimes magiques qui rendent le diesel moins chère à la pompe que l’essence. Cet air de pipeau est la clé du succès de l’air de musique classique qui mène les Français à l’abattoir. « Moins cher à la pompe, moins cher tout court » se disent-ils, sous l’étourdissement de la musique douce et posée qui précède la hache.

Alors les Français se rendent d’eux même à l’abattoir. Il le faut. Car d’une, les méchants véhicules essence émettent plus (il ne faut pas dire « à peine », c’est presque décourager les Français !) de CO2, ce qui inacceptable pour la France qui veut sauver le climat et donc épargner le moindre gramme de CO2. Il faut même tricher sur les partitions de pipeau, j’ai nommé les notes « écologiques » des véhicules (A, B, C, D, etc…) concoctées par l’excellent compositeur de musique classique ADEME, pour décourager une fois de plus l’utilisations des alternatives que sont l’essence, le GPL , l’électrique etc...Électrique aussi car la France sait qu’un véhicule électrique mondialement médian émet plus de CO2 qu’un véhicule diesel [et oublie qu’un véhicule médian « Powered By EDF «émet 4 fois moins au pire, c'est-à-dire même en comptant sa fabrication et son recyclage, NDA]

De deux, en se rendant à l’abattoir, les Français seront moins nombreux, ce qui fera moins de véhicules sur les routes, et donc autant de CO2 évité. La France sait que le diesel ne tue pas que des automobilistes, qu’ils soient diésélistes ou pas, mais aussi les piétons, les cyclistes, voire ceux qui ne se déplacent pas du tout. Mais la France ne s’en réjouit que de plus belle, car trois vies de moins, ce sont les émissions d’un véhicule électrique « Powered By EDF » de moins ! Car un humain peut émettre jusqu’à 30g de CO2 au kilomètre, ce qui est intolérable, et il continue d’émettre lorsqu’il ne se déplace pas [Une fois qu’il est mort aussi, NDA, mais ça la France ne le sait pas...]

Le deuxième sacrifice que fait la France sur l’hôtel de la lutte contre le changement climatique, c’est sur son bilan financier. Les abattoirs coûtent cher à la France, et tuer ses habitants qui ne peuvent s’empêcher d’émettre du CO2 fait qu’elle gagne moins d’argent, mais c’est le prix à payer pour sauver le monde. Voilà le pourquoi du nucléaire et du diesel en France.

Conclusion

Beau poème n’est-ce pas ? C’est entre autre pour cela que je n’ai pas fait d’études de lettres. Quoiqu’il soit, il faut reconnaître que ce poème sonne faux.

Il sonne faux…Et pourtant, il y a beaucoup de vérités dans ce poème (communication sur l’écologie et le CO2, notation de l’ADEME, l’image de abattoir, les 15 centimes magiques…), qui n’est qu’une version imagée de la réalité. Que se passe-t-il avec le diesel en France, ou dit autrement, comment se fait-il qu’un pays avec des atouts extraordinaire comme son parc nucléaire, son parc hydroélectrique (les deux sont clairement des atouts, RTE, le premier intéressé, en sait quelque chose ; votre porte-monnaie aussi d’ailleurs) puisse faire un tel gâchis avec le diesel ?  Dans les deux cas, on parle d’énergie, mais il y a d’un côté le bon exemple, que l’on critique et que l’on décrie suite à un choc émotionnel, de l’autre, une réalité silencieuse, scandaleuse, alarmante et révoltante (tout ça à la fois), et personne ne semble s’en émouvoir.

Si l’exception Française du nucléaire n’est objectivement pas critiquable en soit, l’exception Française du diesel, elle nous est très dommage, sans pour autant être publiquement remise en question.

5 commentaires:

  1. Bonjour
    Concernant le nucléaire, je ne suis absolument pas d'accord.
    C'est l'industrie la plus dangereuse que l'homme ait inventé. Le tsunami a fait plusieurs milliers de victimes, le nucléaire sûrement plusieurs millions de malades à venir !!!
    Il faut certes diminuer le co2 et autres très nombreux polluants, mais pas au prix de millions de malades de cancers et autres !
    A chacun son blog : http://NUCLEAIREDANGER.blog4ever.com/blog/index-488108.html
    J'en viens cependant au diesel qui m'a permis de débarquer sur votre page. J'ai une question. Je pensais investir dans un petit véhicule fonctionnant au diesel puisqu'ils émettent moins de co2, que les filtres à particules deviennent de plus en plus efficaces (je pense notamment à l'additif eolys powerflex de PSA, connaissez-vous ?), et que certains constructeurs ont fait d'énormes progrès pour diminuer le Nox (Volkswagen par exemple). Pour moi, certains véhicules sont moins polluants que les modèles essence ; qu'en pensez-vous ?
    Cordialement

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  2. J'en pense qe ce ne sot pas les chiffres qui vous conforteront dans votre discours pour le nucléaire. Comme le souligne Jean-Marc Jancovici, il y a les chiffres "grand public", relayés par les médias, gonflés et imprécis, prenant en en compte par exemple (et ce n'est qu'un exemple !) les effets stochastiques. Mais alors, vu la consommation mondiale de café, il faudrait ouvrir une politique de sensibilisation à son égard car son impact est bien plus important (ce dernier est aussi classé "2B" par l'OMS est utilisée depuis très longtemps par l'humanité). Il y a d'autre part les chiffres avérées, beaucoup moins agicheurs, et beaucoup plus difficiles à présenter par des non-spécialistes, du fait du type d'impact du nucléaire. Pour faire un parallèle, c'est comme les chiffres du chômage ou des accidents de la route. Un exemple de critère pour être compté comme mort, c'est que le décès doit survenir dans les 24h. Pour les blessées, ça de complique déjà. Pour les études épidémiologiques classique (pollution), je ne vous parle même pas de la complexité (la lecture du rapport de l'AFSSE donne cependant une bonne idée des hypothèses à prendre en compte). Pour le nucléaire, c'est comparable, il faut faire avant tout une étude épidémiologique, d'où les raccourcis sans rapport avec la réalités.
    Concernant le diesel, les polluants étant de nature différente, ils ne seront jamais comparable. Considérer le CO 2 comme un polluant n'est là que pour embrouiller l'esprit des consommateur. Il faudrait pour éviter cela, parler de polluants à impacts climatiques et de polluants à impacts sanitaires (inexistants sur les véhicules essences modernes, qui sont même des nettoyeurs de ce type de polluants).
    Pour un véhicule diesel moderne, vous aurez moins de polluants a impact sanitaire (mais jamais une quantité négative comme pour une essence Euro IV), et les Nox vous permets d'ignorer le CO2, tant leur contribution est supérieure.
    Concernant

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  3. Bonjour
    Je crois que votre texte a été coupé ; quelles est la suite de votre raisonnement et vos conclusions dans le match diesel-essence ?

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  4. Bonsoir,
    GPListe convaincu et avant tout cycliste pour tous mes déplacements quotidiens, je découvre votre blog. Je déteste le diesel. Le diesel est un vaste mensonge. Mais le nucléaire aussi. C'est une énergie trop dangereuse dont on ne contrôle absolument pas les risques. M. Jancovici est peut-être un brillant polytechnicien, ce n'est pas pour autant Dieu sur Terre. Il roule clairement pour le nucléaire. Quant à vos ratios éolien / thermique de compensation, ils sont à l'emporte-pièce. Le problème du nucléaire comme du diesel, c'est qu'ils constituent un déni de démocratie. Avoir imposé de telles énergies aux populations pour satisfaire les intérêts de groupes industriels (mais aussi de syndicats - cf EDF) constituent des actes profondément anti-démocratiques.
    Le problème de l'énergie est complexe et bien malin celui qui aurait LA solution. Mais pour paraphraser Clémenceau, la technique est une chose trop sérieuse pour la laisser aux techniciens. C'est aussi et d'abord un problème politique.
    Bravo pour votre blog et votre combat.

    Bien à vous,
    J.

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  5. Merci de ses encouragements, ce n'est pas facile à tenir à jour, un blog comme celui ! J'ai quelques articles en attente...

    Sans revenir sur la question pour ou contre le nucléaire, il y a clairement une considération fortement émotionnelle sur le sujet. Difficile d'en parler en restant rationnel, et de d'avoir un avis non biaisé sur la question. Pour se cantonner à l'énergie, ni les marées noires, ni l'ambiance "pick oil" qui s'instaure n'ont poussé les populations à être hostiles au pétrole, et pourtant...il y a de quoi.

    Concernant mes ratios éolien/thermique, bien sûr c'est à la grosse louche, cela dépend des ressources en place. Mais quoiqu'il en soit, ce sont les bons ordres de grandeurs

    Effectivement, la question de l'énergie est complexe. Ce qui m'autorise à penser que les meilleures solutions ne seront pas les plus simples, les plus "belles" (sur un programme politique j'entends), et surtout, je suis convaincu (mais ce n'est que mon avis) qu'elles ne seront pas démocratiques non plus (et je ne pense pas au nucléaire en disant ça, plutôt à l'équation de Kaya).

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