«Si l'évaluation de juillet 2013 menée par Airparif sur la qualité de l'air à Paris depuis dix ans est encourageante (baisse de 35 à 40% des particules, baisse de 30% des NO2), et montre les effets concrets d'une politique visant un meilleur partage de l'espace public et privilégiant les alternatives au véhicule thermique individuel, il n'en va pas de même du bilan de l'ancien gouvernement, au moment où Nathalie Kosciusko-Morizet était aux affaires, loin s'en faut.
Le bonus-malus est l'une des premières mesures prises à l'issue du Grenelle de l'environnement d'octobre 2007. Ce dispositif fiscal, destiné à inciter l'acquisition d'un véhicule neuf moins polluant, a été mis en place dès le 1er janvier 2008. Les seuils choisis devaient rendre la mesure neutre pour le budget de l'État, et être revus à la baisse tous les deux ans afin de faire progresser l'industrie automobile dans le développement de voitures plus sobres.
Alors que le gouvernement espérait que les taxes payées par ceux achetant des voitures très émettrices de CO2 financeraient la défiscalisation des voitures moins polluantes, le ministère du Budget dès mi-2008 a lâché que cette mesure coûterait 200 millions d'euros à l'État français. Cette dépense a littéralement explosé, atteignant 700 millions en 2010....
En réalité, le bonus a incité fortement à la diésélisation du parc automobile à cause de barèmes de consommation et d'émission de CO2 sans doute très sous évalués par les constructeurs (qui font eux-mêmes les tests) pour la circulation en ville à des vitesses raisonnables. Ces barèmes de consommation "officiels" ont été vivement contestés par les associations de consommateurs mais aussi par les autorités européennes lors de la dernière Greenweek. Les émissions de polluants toxiques pour la santé comme le NO2 (dioxyde d'azote) ou les particules (PM10, PM2,5) n'étaient curieusement pas prises en compte.
Plus grave, cette politique onéreuse a conduit à une contre-performance sur les émissions de polluants toxiques (particules/NO2) sans qu'il y ait d'effet significatif sur la baisse d'émission de CO2 en milieux urbains. Et la France reste menacée d'une condamnation européenne pour ses dépassements des normes pour les particules et le NO2. La part du diesel est passée de 49% à 72% du parc automobile français en dix ans.
Enfin, cela vient freiner les efforts des autorités locales pour diminuer la circulation polluante. Selon Airparif, les résultats à Paris auraient être meilleurs que ceux obtenus si la diésélisation massive du parc n'avait pas contré les effets des politiques municipales de partage de l'espace public. La part du diesel est passée de 41% à 63% du parc automobile francilien...
[...]
L'État a donc mis en place des politiques qui allaient dans le mauvais sens quand la ville et la région s'employaient à réduire les émissions les plus toxiques de particules et de NO2, alors que leurs toxicités étaient largement connues depuis des années.»
Lire aussi http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/04/26/anne-hidalgo-mon-plan-contre-le-diesel-a-paris_3167066_823448.html
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