mercredi 14 août 2013

Trois raisons pour sortir du tout diesel

À côté de ceux de mes lecteurs qui recherchent des informations pointues et inédites, il y a ceux qui se contentent très bien d'articles simples, plus généraux. Et cela tombe très bien, Ignace Manca de dossierfamiliale.com a écrit un article synthétique sur la situation du diesel en France.


Le rapport de la cour des comptes sur le coût de la fiscalité appliquée au gazole a fait monter quantité de lobbies au créneau. Et la publication des résultats des récentes études du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) sur les incidences de l’exposition aux particules fines quant au développement des cancers posent la question du choix du « tout diesel ».
Au regard du marché automobile, la France occupe une part particulière en Europe car 72,9 % des véhicules qui roulent actuellement dans notre pays fonctionnent au gazole (44 % dans l’UE à 27).
Cette part de marché est due à plusieurs facteurs :
  • Le prix du gazole a depuis longtemps été fixé au dessous de celui de l’essence grâce à un différentiel de taxes (aujourd’hui de 18 centimes par litre en faveur du gazole) ;
     
  • La consommation des moteurs qui, à puissance équivalente, est inférieure sur les motorisations diesel ;
     
  • Le bonus écologique qui est fondé sur les émissions de CO2, émissions largement inférieures sur les véhicules diesel.
Ce triple effet kiss cool a permis aux constructeurs français de développer un immense savoir faire sur de petits moteurs qui équipent aujourd’hui la totalité des gammes.

Coup de frein sur le diesel

Trois facteurs viennent bousculer ces positions acquises :
  1. Le récent rapport de la cour des comptes qui fait apparaître un« manque à gagner » de taxes de l’ordre de 7 milliards d’euros par an (1 centime de taxes par litre représente 300 millions d’euros), ce qui est important dans cette période de recherche d’équilibre des comptes publics ;
     
  2. Les études de 2012 du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) – affilié à l’OMS - qui montrent que les « particules fines » - en fait de l’oxyde d’azote (NOx) – rejetées par les moteursdiesel seraient cancerogènes pour l’homme et responsables de 42 000 morts prématurées par an dans notre pays, soit 5 % des décès annuels (cancer du poumon et celui de la vessie).
     
  3. Un troisième facteur est à prendre en compte : nous sommes dépendants pour le gazole des importations (20,5 millions de tonnes en 2012) est nous devons exporter de l’essence (4 millions de tonnes) sur un marché international qui la paie en dessous de son prix de revient. En effet, quand on raffine du pétrole brut, on obtient en moyenne 30 % de gazole, 20 % de super et le reste se partage entre kérosène, fioul et bitumes.

Les pots catalytiques* et leurs performances

Pour ce qui est des conclusions de l’OMS, les constructeurs répondent qu’ils ont fait de grands progrès sur les rejets en installant des pots catalytiques* sur les véhicules. Mais ces pots performants ont été installés à partir de 2010 et plus de 7 millions de véhicules roulent encore aujourd’hui sans ces équipements.
Par ailleurs, pour que ces pots fonctionnent correctement, il est indispensable que le moteur soit chaud ce qui demande une durée d’utilisation longue et un régime élevé. Ce facteur est compatible avec les gros rouleurs (poids lourds, camionnettes) et les moteurs de forte puissance alors que la majorité du parc est constitué de petits véhicules roulant sur des distances courtes (la moyenne des déplacements quotidiens domicile travail est de 28 km AR par jour).
Pour ces derniers, non seulement la consommation est plus élevée mais le fait de rouler avec un moteur froid (il est chaud après une vingtaine de minutes à fort régime) encrasse le pot d’échappement qui ne remplit plus son office, endommage le moteur et ne peut récupérer ses qualités qu’après « un tour du périphérique » à bonne vitesse.
(...)
Retrouvez l'intégralité de l'article original à cette page...

*NdA : par «pots catalytiques» il faut comprendre ici «filtres à particules (confusion typique d'une non spécialiste). les pots catalytiques sont obligatoires depuis 1993 (y compris sur les véhicules diesel !), mais c'est vrai qu'ils sont bien plus efficaces sur les moteurs essence (triple effet). Mais ça, c'est une autre histoire...

mardi 13 août 2013

Le piège français du diesel

Et si la France était simplement enlisée dans le diesel ? Sans fatalisme  Guillaume Porcher  de l'automobile propre décrit le contexte qui prévaut à l'inertie de la sortie de ce carburant qui s'avère de plus en plus être une plaie dans l'économie et la santé en France.

Diesel : les français pris au piège

Faute de courage politique et de réforme fiscale à la hauteur des enjeux, l’hémorragie « tout gazole » continue de sévir toujours un peu plus, mois après mois, année après année. Après avoir expliqué à plusieurs reprises les aberrations multiples de la fiscalité française sur les carburants automobile, je vous propose aujourd’hui de faire un zoom sur ces automobilistes qui faute de choix et de moyens sont en trains de devenir les nouvelles victimes du « tout gazole ». Explications.

I. Avoir le choix

Lorsque l’on parle de mobilité individuelle, il y a une dimension fondamentale trop souvent oubliée à l’origine du sentiment de liberté, de plaisir ou de découverte : la notion de choix.
Hélas, pour beaucoup d’automobilistes, avoir le choix est loin d’être une évidence malgré une offre véhicule toujours plus diversifiée de la part des constructeurs.
Prenons l’exemple de ces ménages modestes pour qui l’acquisition d’une voiture peut difficilement être autre chose qu’un véhicule acheté d’occasion à petit prix. Il y a quelques années de cela, les ménages en question roulaient en Renault clio I, Peugeot 205/309/405, Renault 19/21, Citroën AX/BX/ZX, etc… Des voitures qui même en version haut de gamme avaient le mérite d’être relativement bon marché à entretenir pour peu que leur propriétaire prenne soin d’assurer l’entretien minimum requis.

II. La surdiéselisation du parc roulant : un problème majeur

(...)
La conséquence directe de cette montée en gamme, c’est le coût significativement supérieur du poste entretien à l’usage. Surtout passé un certain âge. Bien aidé par une fiscalité très avantageuse (TVTS, bonus-malus, fiscalité gazole, etc…) le parc roulant s’est massivement diésélisé au point de réduire l’offre en véhicule d’occasion à des motorisations quasi exclusivement Diesel pour de très nombreux modèles. De fait, les ménages modestes qui roulent peu, se retrouvent à acheter d’occasion à bas prix des véhicules Diesel1 inadaptés à leurs besoins. Sans nécessairement avoir conscience des coûts engendrés à la première panne venue. Un véritable scandale face auquel, il faut une nouvelle fois dénoncer la part de responsabilité de l’Etat.

III. Au l’origine du problème : la fiscalité carburant applicable aux véhicules d’entreprises

(...)

IV. La fiscalité, unique levier du changement ?

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Retrouvez l'intégralité de l'article sous ce lien.

lundi 12 août 2013

Témoignage pour un dossier sur le diesel

Le mois dernier, un site partenaire recherchait des témoignages critiques (au sens premier du terme, c'est à dire «tant en bien qu'en mal» sur le diesel.

Les trois questions étaient : 
- Le diesel a t'il pris trop d’ampleur ?
- Roulez-vous en diesel ?
- Pensez-vous que le diesel demeure toujours avantageux ?
- Y a t'il un discours pro-diesel en France ?

S'il se destinait plutôt à des automobilistes (et même assez expérimenté), j'ai pris le parti de répondre, en tant qu'expert sur les question touchant au diesel. Voici le texte que je leur ai soumis.

«Représentant plus de 60% du parc installé et plus de 70% des ventes neuves, l'ampleur du diesel est aussi dommageable qu'inquiétante. D'un point de vue sanitaire, il cause des dizaines de milliers de morts par an (42 000 selon l'OMS). Et que dire des malades chroniques souvent invalides, des nouveaux asthmatiques et des allergiques, qui sont bien plus nombreux ? Le poids des 22 millions de véhicules légers diesel Français se fait sentir, et pas qu'au travers des études épidémiologiques (l'appel des médecins est un exemple parmi d'autres).

En dehors de l'impact sanitaire, il est temps de prendre de la hauteur de vue sur le volet économique. Le diesel bénéficie à l'industrie française, bien placée sur ce marché de niche, lui même centrée sur la France (coïncidence ?). Mais c'est aussi lié à une fiscalité qui a un coût collectif (7 milliards d'euros en 2011), et qui pèse lourd sur la balance commerciale (la moitié du gazole consommé en France est importée, pour un coût qui enfle littéralement (12 milliards en 2010, contre 8 en 2008, moins de 4 dans les années 90...). Nous  dépendons à la fois de pétrole brut et de pétrole raffiné....et surtout du pétrole Russe, seule puissance pétrolière à même de concéder chaque année 20 millions de tonnes de gazole raffiné....pour le moment.

Pour résumer, oui il a pris trop d'ampleur car il est devenu systémique : on ne peut pas envisager de réduire drastiquement son usage à court, voire à moyen terme, malgré les risque sanitaires, et les problèmes d'autres natures qu'il provoque*. Les instances 

-Je n'ai jamais roulé au diesel (sauf en bus, dans ma jeunesse naive), en tant qu'hygièniste, j'ai su habilement éviter d'avoir recours ne serait qu'occasionnellement au véhicule diesel en tant que passager. J'ai aussi pris des distances par rapport à l'automobile (Autolib' m'a aider non pas à me débrouiller sans véhicule personnel mais surtout à me rendre indépendant de l'automobile, je n'y fais appel qu'en dernier recours). Mes raisons dépassent le cadre essence-diesel, donc je ne les développerais pas ici (mais j'en parle un peu sur mon blog). 

N'étant plus vraiment automobiliste, je me fie pleinement aux discours que l'on me rapporte, et dans mon environnement hétéroclyte, j'ai quelques exemple de mauvaise foi évidente, mais beaucoup de reports d'espoirs déchus : l'affaire avantageuse, l'offre exeptionnel du concessionnaire (l'est-elle vraiment, tant elle semble banale ?) ou la belle affaire du bon coin, le sourire aux lèvre au moment de faire le plein...puis le retour à la réalité. La fiabilité pour certain, le coût des pièces pour d'autres, et surtout, pour ceux qui osent en parler, la décôte, qui fait mal, car systématiquement sous-estimée. Je repense au collègue qui à ma question m'a répondu qu'il comptait finir sa Zafira neuve toutes option...«Mon œil !» (il m'aura fallu du temps et compiler pas mal de témoignages pour le comprendre).

Quelques chiffres : mes calculs montrent que typiquement (véhicule entre 20 000 et 40 000€ acheté neuf, utilisation au delà de la moyenne nationnale, revente avant les 5 ans), avec un véhicule diesel on gagne plusieurs dizaines d'euros par mois sur le budget carburant...tout en perdant dans le même temps plusieurs centaines d'euros par mois pour la décôte. Pour ce qui est communément admis, un véhicule diesel ne se rentabilise qu'au-delà de 20 000 km/an par rapport à un véhicule essence (tendance à la hausse vu  le recul de la part des taxes sur le prix des carburants), mais les français roulement en moyenne 13 000 km par an (avec une tendance à la baisse). 

Pour les professionnels, qui accaparent l'essentiel du kilométrage du parc routier, la question est tout autre. Avec toutes les mesures fiscale qui leurs sont dédiées, le recours au diesel n'est pas seulement plus avantageux, il est quasiment obligatoire. Il est amusant de noter que les timides mesurettes ne sont pas d'abord attaquer à ces avantages plutôt qu'au grand public.

-Le discours pro-diesel existe, mais est remis en question. Il est établi dans le système de bonus malus et les avantages concédés aux sociétés, et mis en exergue quand il s'agit de prendre des mesures à visée sanitaires ou même économique (la récupération de tout ou partie des 7 milliards d'euro annuels de manque à gagner en TIPP). Mitigé voire flou dans l'actualité, mais bien établi dans les faits et reglementations.

*À noter que la surdépendance énergétique n'est jamais vu comme un risque systémique aupres de mes sources, bien que maintes fois soulignée par ces dernières. Je contribue à les faire dialoguer : une surdépendance si spécifique dans un contexte de déplétion pétrolière prochaine probable, cela n'augure rien de bon !»

mardi 6 août 2013

Le gaz de schiste bon pour le diesel ?

N'ayant pas exploré le dossier du «gaz de schiste français» (le dossier, pas le gaz en lui même car c'est interdit =) je souhaite simple vous soumettre ce rapprochement. À considérer comme un avis personnel et non le fruit d'une enquête.

La décennie qui nous attend devrait nous réveiller face à notre situation de pays importateur de pétrole. Je pense que l'on ne prendra pas les mesures qui vont bien (la preuve, rien n'a été fait à ce jour, en 2013, pire, le bonus-malus va même à l'encontre d'une préparation adéquate*). Je m'attends donc à ce que l'«on» en paye le prix fort. «On» désigne à minima tout ce qui dépend de l'offre de gazole (routiers et particuliers notamment), ou l'ensemble des acteurs dépendants du pétrole-transport) : soit la contraction de l'offre française sera globale, soit il ne s'agira dans un premier temps que d'un rééquilibrage de l'offre (les mécanismes économiques voire étatiques tendent à rendre aussi probable la solution 1) que la solution 2). 

Concernant les hydrocarbures non conventionnels de notre sous-sol, J'étais assez tranquille sur le fait qu'on aurait pas idée d'aller les exploiter. L'exemple américain (mais aussi canadien, ou même polonais - liens à venir...) ont de quoi refroidir plus d'un et suscite la défiance populaire. La situation américaine (qu'elle soit réglementaire  un droit minier bien plus «adapté», mais aussi géographique, les États-Unis et le canada étant un vaste désert) est radicalement différente de la nôtre. Enfin, tant d'un point de vue énergétique qu'économie, ces hydrocarbures sont une sacré plaisanterie, c'est une bonne solution pour impressionner les voisins pendant quelques années, et dur serait le retour à la réalité. Une image qui me plait bien, c'est celle de la fête alcoolisée : les États-Unis sont comme de gros fêtards qui font des folies, la musique à fond, et dérangent les voisins (réorientation de la consommation  intérieure, inondation des marchés par du charbon bradé, qui fait fermer des centrales à gaz en Europe, ralentit les investissements dans les nouvelles renouvelables). Il est minuit passé. Les vieux sages savent déjà que les fétards se réveilleront le lendemain avec des maux de têtes terribles, une sacré gueule de bois, et prendront consciences des dégâts provoqués chez eux et à l'extérieur par leurs écarts de conduite.

 À côté de çà, de plus en plus de voies s'élèvent en faveur du gaz de schiste, parfois plus ou moins ouvertement). Et l'annonce des opérations du 3 août dernier à Jouarre a été comme un choc. Ainsi toutes ces personnes qui disaient que nous cédions lentement vers une exploitation des gaz de schiste en France avait raison, je réalise que je m'était refusé à les croire.

Rentrons à présent dans le volet spéculatif. Soit les propositions A, B et C suivantes :

A) Compte-tenue de son déséquilibre de consommations de carburant routiers (80/20), la France est dépendante d'importantes importations stratégiques.

B) La Russie, fournissant la moitié du gazole Français soit 20 millions de tonnes par an est l'acteur privilégié/seul acteur permettant à la France de se maintenir/de prospérer sous ce déséquilibre.

C) En produisant son pétrole, la France s'affranchirait de certaines dépenses géopolitiques/géostratégiques (la Russie est clairement citée dans cet article). 

Ainsi, sauf faille de raisonnement (ou dans mes hypothèses), l'exploitation des gaz de schistes serait profitable au diesel.

En admettant

D) La Russie devrait connaître un déclin de sa production à partir de 2016

On est tenté d'affirmer que le salut du diesel ne tiendra qu'au pétrole de schiste Français. Montebourg serait-il pro-diesel à ce point-là ?


*Rappelons que la consommation de gazole représente 80% de la consommation de carburant routiers, là où elle est au pire de 50/50 dans d'autres pays. Voir mes articles (1,2) sur le raffinage, ou celui-ci). Je pousse le rappel à préciser que le bonus malus favorise les citadines diesel qui sont le comble de l'aberration d'un point de vue technique (un peu comme repasser ses vêtements au four).