jeudi 12 février 2015

La transition écologique et l'automobiliste roi (2/2)

L'automobiliste égoïste ?

C'est une mentalité peu avenante à laquelle je suis confronté au quotidien. En plus de l'émission d'hier (et des précédentes...), il y a le comportement des automobilistes que je subis...en tant que cycliste. Toutes les occasions sont bonnes pour me faire sentir comme étant un intrus. C'est l'exemple de mon évolution lundi soir sur la D1 au delà de la montée de Neslé-La-Montagne dans les petites nouées. Un semi-remorque (car mon propos est plus large que le cercles des conducteurs de véhicules légers, vous l'aurez compris), qui souhaitait me dépasser alors que nous étions en montée, m'a klaxonné pour avoir du freiner car il allait croiser son confrère. Comme pour me dire "t'es pas foutu de monter cette côte à plus de 80km/h ? Alors t'as rien à faire là !".

Et des exemples comme ça, je pourrais en sortir à chaque fois que j'enfourche mon vélo. Rappelons au passage aux automobilistes que les pistes cyclables ne sont pas toujours obligatoires ("vous savez, la différence entre un panneau rond et un panneau carré !"), et qu'il m'est tout aussi interdit que vous de rouler au delà des délimitations de la chaussée, même s'il y a un mètre de bitume au delà.

Les déplacements propres valorisés

Heureusement que la tendance médiatique est à valoriser les modes doux, les transports en communs dans une moindre mesure (en appuyant leurs défauts au passage, comme s'il fallait malgré tout en dissuader l'usage), mais pas mal aussi les "véhicules propres" (en fait les véhicules hybrides et électriques). Ce dernier point rappelle à quel point cette communication se base sur des affects : certains véhicules essences affichent de meilleurs chiffres que certaines hybrides en terme de pollution, mais ne peuvent bénéficier du même aura médiatique, car il s'agit de "moteurs traditionnels".

Un enjeu souvent oublié : convertir des automobilistes.

L'équation des déplacements vertueux est simple : réduire les déplacements polluants et ou energivores. Cela revient à réduire les déplacements motorisés individuels, en les rendant moins nécessaire ou en les remplaçant par des déplacements en modes doux et transports en communs. L'impression que j'ai de la situation actuelle, c'est qu'on ne sait pas parler à cet automobilistes "surnuméraire". On met en place d'une part des mesures incitatives, et d'autre part une stigmatisation à grande échelle. Sauf que l'on fait plus de stigmatisation que d'incitations, et pas assez de valorisation (car il n'y a pas que l'aspect financier qui compte !).

Notons qu'il y trois stades de conversion à réaliser :
Le plus urgent et le plus important : switcher les diésélistes à des moteurs essence. Cela commence par détruire la campagne de désinformation massive sur les coûts de revient du diesel voire sur les considérations écologiques attribuées à ces derniers. Je ne dis pas que cela sera facile, mais rendre obligatoires exemple le calcul du prix de revient de chaque véhicule possédé par quiconque, avec pourquoi pas un déplacement du calcul de l'indemnité kilométrique sur ce nouvel indicateur, généralisé du coup à tous les usages du véhicule (pas seulement le domicile travail), c'est le minimum pour moi. Des applications le font très bien. Il suffit d'y rentrer chaque dépense et de mettre à jour le kilométrage du véhicule régulièrement. Même en rémunérant l'automobiliste sur l'acquisition d'un biblo pour rétroviseur intérieur, ce serait bénéfique à tous par la prise de conscience et la rationalisation des dépenses (donc un retour à l'essence) que cela entraînerait. Car jouer la carte écologique, c'est bien, ça commence même à porter ses fruits, mais je rappelle juste comme ça qu'il y a 15 millions de fumeurs en France (soit à minima autant de personnes insoucieuses d'une éventuelle mort prématurée ?).

Deuxième stade : le passage du thermique vers l'électrique. Pas de considération écologique (quoique la France est l'un des rares pays au monde où c'est plus propre de rouler à l'électrique), surtout une considération économique : decarboner au plus vite le mix énergétique et ainsi réduire nos importations de pétrole.

Troisième stade : la "sortie du schéma du déplacement d'1,2 personnes à l'aide d'un véhicule de plus de 1300kg". Appelons ça comme on voudra : autopartage, le véhicule de 500kg, le vélo pour tous, les modes doux en général ou les transports en communs, mais je pense que décarbonner les transports ne suffira pas pour maintenir une société durable, il faudra aller plus loin. Car le droit de rouler quand je veux avec un véhicule de plus d'une tonne pour 30 centimes au kilomètre n'est pas du même type que le droit de s'exprimer librement (par exemple), il est très circonstanciel, n'en déplaise à l'automobiliste.

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