La circulation a baissé à Paris, mais pas la pollution, notamment aux particules fines. N'est-ce pas l'échec de Bertrand Delanoë et le vôtre ?
Absolument pas. Paris a pris les mesures qu'il fallait depuis 2001 en matière d'écologie urbaine. Je citerai le tramway, l'accroissement de l'offre de bus et de métro, sans parler de Vélib' et d'Autolib'. Nous avons réussi à diminuer le traficautomobile de 25 %. Aujourd'hui, seuls 7 % des déplacements au quotidien dans Paris se font en voiture. Dans le même temps, les gouvernements, et notamment ceux auxquels Mme Kosciusko-Morizet, ministre de l'écologie, a participé, ont pris des mesures à contresens qui ont favorisé le développement du diesel : prix du gasoil moins cher que l'essence, incitation des constructeursà produire des moteurs diesel. Si bien que, de 2000 à 2011, la part du diesel dans le parc automobile français est passée de 49 % à 72 %. En vertu d'une directive européenne qui fixe des niveaux de dépassements de pollution aux particules fines à ne pas dépasser, la France est menacée par la Cour dejustice européenne, de devoir payer 11 millions d'euros et 240 000 euros d'astreinte par jour de retard. Quand cette directive a été transposée en droit français en 2010, au lieu d'adopter une fiscalité plus écologique, le gouvernement de l'époque a continué de plus belle ! C'est ce que j'appellemettre la poussière sous le tapis. La question n'est donc pas de savoir si Paris a échoué. Si nous sommes à la veille d'un scandale de santé publique, c'est à cause de l'irresponsabilité des précédents gouvernements.
Jean-Marie Le Guen, député de Paris et adjoint à la santé, propose d'interdire les voitures diesel dans Paris. Est-ce réaliste ?
Il a raison de rappeler l'enjeu, mais plutôt que l'interdiction, qui n'est pas techniquement réaliste, je propose des mesures incitatives. Aller vers la fin du diesel à Paris dans la mandature sera ma priorité, au même titre que lelogement, si je suis élue maire. D'ici à trois ans, nous aurons réussi l'éradication du diesel dans la flotte de la Ville. Il reste 30 % de véhicules municipaux qui roulent au gasoil. Il faut que d'ici à deux ans, il n'y ait plus de bus de la RATP au diesel à Paris. J'interdirai les cars de tourisme au diesel dans la capitale. Il existe des solutions utilisées dans d'autres villes comme les minibus électriques. Je veux travailler avec la profession des taxis pour transformer le parc existant en une flotte à moteur hybride, électrique. Une autre piste : pourquoi ne pasétudier la création de taxis collectifs ? Pour fluidifier les accès routiers aux aéroports, je propose une voie réservée aux taxis et au covoiturage.
Oui, par de nouveaux modes de transports alternatifs. Je prolongerai le tramway à l'ouest ainsi que la ligne 10 du métro jusqu'à Ivry-sur-Seine, à l'est. Je travaille à un plan vélo pour doubler les pistes cyclables, avec des itinéraires pourfranchir les portes de Paris. Nous devons surtout encourager la mutation du parc automobile privé vers la voiture électrique. Autolib' par son succès nous a permis d'enclencher cette révolution. Je propose que soit étudiée l'ouverture des couloirs de bus aux scooters et aux voitures électriques lorsqu'elles sont en covoiturage.
Jusqu'ici, le gouvernement n'a pas pris de mesures antidiesel. Que devrait-il faire ?
Il pourrait créer une prime à la casse pour les voitures anciennes. Je suis favorable à un péage pour les camions à l'entrée de l'agglomération parisienne. Beaucoup de poids lourds passent par la métropole et ne s'y arrêtent pas. Des réformes fiscales doivent être prises pour ramener le diesel au même prix que celui de l'essence. Le gouvernement doit faire le pari de la voiture électrique et s'engager vers la transition écologique pour créer de nouveaux emplois. Je suis convaincue que ce que nous ferons à Paris et dans la métropole aura un effet d'entraînement sur une politique nationale efficace en matière de lutte contre la pollution...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire